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Écrire un livre : l'originalité et la voix de l'auteur



Quand on commence à écrire, avoir une voix distinctive n’est pas si simple. Voici quelques astuces qui devraient vous aider à trouver votre voix et votre originalité.


Se démarquer ou faire comme les autres ?


Aujourd’hui plus que jamais, les éditeurs cherchent des voix uniques au milieu d’un raz-de-marée de manuscrits qui manquent souvent de caractère. Vous écrivez sans doute pour un marché déjà saturé de fictions du même genre. Vampires et loups-garous, sorcellerie et magie, ou romance au parfum de thriller… En soi, ce n'est pas une mauvaise chose. Les lecteurs en redemandent et vous savez qu’il y a un filon à exploiter.


Il faut rentrer dans un moule pour convaincre les éditeurs, mais en même temps, il faut se démarquer. Comment faire ?


Si l’on retourne se nicher auprès de ses auteurs préférés, est-ce en raison de leurs personnages attachants, auxquels on peut s’identifier ? Ou alors pour un récit haletant qui multiplie les surprises ? Ou pour la beauté de l’écriture et la fluidité du style ? Tout cela contribue à cimenter une bonne histoire. En fait, si nous revenons vers ces auteurs, c’est grâce à leur voix, leur manière de raconter une histoire.


Avoir une voix propre, c’est ce qui permet à un auteur de se démarquer tant sur le fond que la forme. Il révèle des thèmes, des problématiques, des opinions, et toute une façon de penser le monde et de véhiculer ses idées à travers un style distinctif. Avec son regard singulier, l’écrivain affine ses descriptions, fait battre le rythme de ses scènes et se découvre, avec l’expérience, une prose qui lui est unique.



Faut-il absolument être original ?


Alors vous me direz : certes, mais aujourd’hui, après des millénaires à raconter des histoires, que peut-on dire d’original ? Peut-on écrire un personnage qui ne ressemble pas à mille autres ? Peut-on développer des idées qui n’ont déjà été abordées, contredites et régurgitées des centaines de fois ?


La réponse à cela est : non, aucune idée ne sera totalement originale. Mais en fait, c'est tout à votre avantage.


Les mêmes histoires sont racontées de bien des façons depuis la nuit des temps et il en sera encore ainsi ad vitam æternam. Prenons cet exemple : « un monstre terrifiant menace une communauté. Un héros/une héroïne est prêt(e) à affronter tous les défis pour terrasser la bête et rapporter la paix autour de lui/elle. »


Cette histoire, c’est Jurassic Park. C’est aussi Les Dents de la mer, Godzilla et The Thing. Le monstre peut être une métaphore, comme Jack Torrance dans Shining, Norman Bates dans Psychose ou Ghostface dans Scream. Il peut être Freddy Krueger ou peut représenter une multinationale de gens puissants et malveillants.


Prenons un autre exemple : « un héros/une héroïne vient à la rencontre d’un nouveau monde inconnu. Alors qu’il/elle est fasciné(e) et intrigué(e) par la beauté de ce qui l’entoure, une menace bien plus sinistre fait son apparition. »


On pourrait ici penser à Alice au pays des merveilles, à Alien et ses suites, Apocalypse Now, Le Voyage de Gulliver et Le Monde de Némo. Ce monde peut être une planète ou une sous-société occulte. On trouvera des correspondances par centaines.


Il y aura des différences superficielles, mais ces histoires sont forgées selon le même gabarit. En échapper revient à vouloir échapper aux lois de la physique. Si de telles histoires ont fonctionné pendant des générations entières, pourquoi s’en aliéner et prendre le risque de ne pas satisfaire le lecteur à la fin ? L’art de raconter des histoires est malléable mais retrouve toujours sa forme initiale, de nos jours jusqu’aux contes et mythologies anciennes.



Dépasser l'angoisse de l'idée inédite


Pour chaque idée de génie que nous pensons avoir, nous finissons confrontés à la même angoisse. On redoute d’abord que le sujet ait déjà été exploité par d’autres auteurs plus ou moins reconnus, sur différents types de médium. Puis on découvre que d’autres auteurs ont matérialisé la même idée de génie bien avant nous, si bien que poursuivre un projet pas encore entamé semble… futile.


Le besoin d’écrire répond avant tout à un désir personnel. On écrit pour soi avant de le faire pour les autres.


En ce sens, nous puisons dans notre histoire intime, dans notre expérience, qui elle, est unique. Personne ne pourra vous voler cela, pas plus que vous ne pourrez voler l’histoire intime d’un autre. Les raisons qui font qu’un sujet est fascinant, à vos yeux, et mérite d’être raconté ne sauraient être reproduites et falsifiées.


Peut-être vous est-il déjà arrivé de lire un chapitre et de sentir votre attention dériver ailleurs ? La raison à cela est souvent l’absence de voix de l’auteur. Son écriture devient alors stérile, dépourvue de personnalité, et ne permet pas de se connecter à l’histoire et aux personnages. Il risque aussi de disparaitre derrière un style qui n’est pas le sien. Notre voix, notre façon d’interagir avec le monde et de l’appréhender doit pouvoir donner vie à notre écriture.


Ce qu’on apprécie, dans nos lectures, ce n’est pas le vocabulaire complexe qui nous interroge sur le sens d’une phrase. C'est la capacité à communiquer un message clair, quand un auteur est honnête avec lui-même.


Alors d’accord, être honnête, c’est bien beau, mais en pratique ça donne quoi ?


Trouver ses motivations intimes


Avoir un style, ce n’est pas inné. C'est une éclosion de manière naturelle au fil du temps et des ramures de l’expérience.


En clair, il surgira à mesure de votre persévérance et des dizaines de milliers de mots couchés sur pages. Réciproquement, nos lectures nous influencent. On leur emprunte des fragments et particules à différentes échelles : des expressions, des mots, des archétypes de personnages, avec leurs conflits et leurs nuances, des atmosphères, des thèmes, des trajectoires…


Vous désirez peut-être écrire la prochaine œuvre qui rivalisera avec Le Trône de Fer, La Roue du Temps, Hunger Games ou Divergent. Cependant, parce que votre voix propre se révèlera avec plus de distinction peu à peu, votre histoire sera sensiblement différente. Aucun auteur ne pourrait se satisfaire d’une pâle copie d’un best-seller : vous écrivez parce que le projet en lui-même, aussi laborieux soit-il, vous apporte quelque chose. C’est ici que le mélange alchimique opère. Quand on trouve ce que ce projet signifie pour soi, ce pour quoi il nous parait vital de le rendre concret, alors écrire cette histoire devient parfaitement légitime.


En cela, il faudra, bien entendu, éviter d’être monotone. Les lecteurs doivent ressentir les émotions qui vous traversent en tant qu’auteur : excitation, soulagement, admiration... Ainsi, vous allez développer une perspective unique, une vision qui emporte avec vous toute votre expérience.


Voici un exercice pratique très utile : prenez l’un de vos livres de prédilection, comme Harry Potter par exemple ou Le Seigneur des Anneaux. Avec vos propres mots, sans ouvrir le livre, décrivez, en quelques lignes, l’apparence des personnages principaux (Harry, Ron, Frodon…) et un lieu emblématique (Privet Drive, Cul-de-Sac, Fondcombe…). Comparez ensuite vos descriptions avec celles de l’auteur. Même si ce ne sont pas vos personnages, et que vous écrivez sous l’influence de vos souvenirs, vous y aurez instillé votre propre façon d’appréhender leur monde.



La voix de l’auteur vs la voix des personnages


N’oubliez pas que votre voix, en tant qu’auteur, n’est pas celle de vos personnages. Beaucoup d’auteurs craignent que les lecteurs n’arrivent à faire la part des choses, surtout dans notre ère où tout se prête à l’outrage. Ils hésitent donc à créer des antagonistes ou antihéros avec des opinions fortes et controversées. Ne sous-estimez pas vos lecteurs. Cela ne doit pas vous empêcher d’écrire des personnages convaincants mais faillibles.


Nabokov n’est pas Humbert Humbert, Bram Stoker n’est pas un vampire et J.R.R. Tolkien n’est pas un Hobbit. Il ne faut pas se créer des barrières mentales ou l’histoire finira asphyxiée dans son propre corset. Osez, prenez des risques. Comme l'a dit Kurt Vonnegut :

« Écrivez pour ne contenter qu’une seule personne. Si vous ouvrez la fenêtre et embrassez le monde entier, votre histoire attrapera la pneumonie. »

Il y a une solution à cela, simple mais efficace : lisez de tout. Tentez de nouveaux auteurs, de vos genres favoris, mais sortez aussi de votre zone de confort. Essayez quelques classiques de genres différents qui ne vous attirent pas a priori. On peut apprendre partout.


Regardez un moment comment les mots s’écoulent, les phrases s’enchainent et les paragraphes se superposent. Comment l’auteur interagit-il avec le monde et quel détail prend-il soin d’explorer ? Peu à peu, vous découvrirez quelles voix résonneront avec la vôtre.


En définitive, plutôt que de trouver sa voix, comme quelque chose d’égaré qui aurait appartenu à quelqu’un d’autre, il s’agit en fait de la révéler.


On lui offre les moyens de s’épanouir en dispersant toutes ces fioritures et bruits statiques qui l’empêchaient de se faire entendre. Votre voix est donc en constante évolution, ce qui n’est jamais un défaut en soi. Il ne faut pas que cela vous empêche de poursuivre votre histoire en trois tomes, sous prétexte que dans quelques années, vous aurez développé une voix plus mature. Tous les auteurs passent par là.


Comme on l'entend souvent, pour trouver l'amour, il faut arrêter de chercher. Un auteur qui cherche trop à sculpter sa voix s'empêchera de progresser rapidement en écrivant de façon trop cérébrale. Le lecteur perçoit alors un style trop figé, mécanique (qui abuse également de la prose fleurie) ou qui ne fait qu'emprunter la voix d'un autre.


Comme évoqué dans cet article, vous pouvez vous entrainer en écrivant votre flux de pensée à la manière d'un journal intime. Cela vous aidera à assouplir votre écriture, sans vous soucier des regards critiques.


Vous pouvez aussi vous reporter à notre article sur les 10 conseils et astuces pour écrire comme un pro, afin d'adopter les bons réflexes et faire d'inestimables progrès en un rien de temps !







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